1977m d'altitude ; coordonnées GPS du camp :
51°33'338" N
99°15'350" E
Ca y est, ce peuple qui fait tant rêver, j’y suis enfin !! En descendant, il y a plusieurs chiens qui viennent vers moi. Ils sont blancs et noirs, mais si blanc et si noir que cela me surprend, je prends du temps à jouer avec eux, il sont à le fois très doux, et câlins, mais aussi chamailleurs et pleins de force. Ce sont des chiens comme j’en ai déjà rencontrés, des chiens conscients, qui se sont épanouis dans un milieu où vivent des gens évéillés (je sais pas si je traduis bien mon sentiment…) Les Tsaatanes ne sont en fait pas au courant de notre arrivée, on s’aperçoit que nous arrivons comme un cheveux sur la soupe, on commence à se rendre compte que l’organisation mongole s’apparente assez à une absence d’organisation en fait !! On commence aussi à avoir les premières difficultés pour se faire comprendre de notre traductrice, qui est notre lien avec le peuple, ce qui est gênant.
On est finalement accueilli dans la maison principale de la communauté : Giamps, le chaman, et Puruwé, sa femme, ainsi que Naaran, leur fille, et Valérie, une française qui est arrivée il y a 3 mois et qui restera 9 mois. Le thé est servi bien sur avec le traditionnel pain –beurre-sucre. On leur offre nos cadeaux : des crayons et cahiers pour les enfants, des biscuits, gâteaux, de la farine et des bonbons biensur !
Tim était intéressé pour faire des photo de la cérémonie chamanique, il a donc demandé (et payé !) pour que cela se fasse ! De mon côté, je n’a avais rien de particulier a demander, la cérémonie s’est donc déroulée, sans motif particulier d’autre que celui de la curiosité. Cela se passe dans la cabane du chaman. Dans la soirée, le tambour est sorti, il se réchauffe petit à petit, la peau se tend. Les premier préparatifs se font. La sœur et la femme du chaman ont une place importante durant la cérémonie, pour l’aider, l’encadrer quand il perdra l’équilibre, donner aux esprit les offrandes, faire brûles les rameaux de genévrier… la lumière est tamisée par des petites mains pendant que le chaman s’habille avec de l’aide. Il enfile un manche, l’autre manche, les bottes, le pantalon, le chapeau… le tout avec d’étranges tissus qui pendent dans tous les sens… la cabane prend des airs mystiques, la fumée de genévrier embrume et embaume la pièce… Les offrandes sont posées sur une petite table : bonbons, cigarettes, vodka, thé, lait… puis le tambour, discrètement, commence sa danse au rythme des mouvements du chaman. Les rythmes se succèdent, les pieds tapent sur le sol en remuant tout une série de clochettes, de grelots qui viennent s’ajouter aux bruits ambiants. Les chiens aboient au loin, comme pour prévenir lorsque quelqu’un arrive au loin dans la forêt. La pièce est sombre, chacun retient son souffle, le chaman commence sa danse. Le rythme s’accélère. Les danses se succèdent. Des cris, rugissements… les esprits prennent leur place progressivement à travers le corps du chaman. Les femmes guettent. Elles apaisent l’atmosphère par des offrandes régulières, surveillent les colères des esprits qui se succèdent. La danse est brutale, effrénée, calmée ensuite par une offrande de thé ou de vodka. Les sons curieux, les mouvements, les rebondissements sur le tambours, les vêtements qui se mélangent avec tous les sons…. Le chaman n’est plus, les animaux ont pris sa place, les esprits l’habitent, animent son corps inconscient. Les femmes veillent.
C’est ensuite le moment de calmer les esprits, le chaman, encore inconscient, est déshabillé de ses vêtements traditionnels, puis il est escorté, porté dehors pour reprendre progressivement ses propres esprits. Quelques minutes après il reviens. Il s’asseoit par terre et fume tranquillement la grande pipe. La cérémonie est finie, les esprits sont repartis. On commence alors à reparler, chacun pose ses questions, ses remarques. Les bouteilles de vodka tournent et se vident, la nuit, bien avancée, finit d’endormir les derniers esprits.
Au passage je trouve Time en train de scier les troncs avec une grande scie pour 2 personnes !! je l’aide un peu, mais pas trop car je sais bien qu’ils ont des tronçonneuses, alors après je le laisse scier tout seul, ça lui fait du bien de participer un peu et de s’intégrer, pas seulement de mitrailler avec son 50 ou 70-200mm !! J’avoue, parfois, je suis un peu mal à l’aise de sa façon de prendre les photos, parfois sans demander, et parfois en demandant mais sans attendre la réponse… lui en tout cas n’est pas du tout gêné par sa façon de faire, c’est rigolo ! Il fait par contre un beau boulot, j’ai bien apprécié de passer du temps en sa compagnie. C’était drôle, car durant nos longs trajets en voiture, on arrêtais fréquemment la voiture pour prendre en photo tel route qui se perd dans les vallées, ou un petit village particulier… j’étais de la partie à chaque fois bien sur pour faire des photos. J’ai regretté de ne pas avoir pris mon réflexe tout de même. En tout cas, je vous réserve quelques photos qui me plaisent bien. J’en ai profité pour vous concocter la photoplume 7, qui m’’a même inspiré un poême ! D’ailleurs, à propos de travail, j’ai eu la chance de faire quelques soins à des mongols et tsaatanes, c’est toujours très intéressant pour moi de poser les mains sur des personnes issues d’autres cultures, continents. Au début j’ai commencé par regardé le genou de notre chauffeur, puis ensuite, notre guide avait quelques troubles émotionnels difficiles a gérer, elle m’a demandé de regarder pour son mal de tête, mais c’était biensur l’arbre qui cache la forêt !! Et ensuite, lors de nos escales, j’ai eu l’occasion de traiter 2 tsaatanes, et 5 mongols. La premiière tsaatane qui m’a demandé de la regarder, c’est marrant, elle m’a présenté son poignet, comme si j’allais lui prendre les pouls chinois !! Alors, ensuite, je faisais de même, je commençais par prendre le poignet pour me connecter avec leur corps. En pratique, seulement des femmes m’ont demandé un traitement.
Les troubles ici sont assez différents. Le mental contrôle bien moins le corps, il interfère moins. Seulement une des femmes était préoccupée dans sa tête, perturbant l’équilibre dans son dos entre autre. Ce que j’ai retrouvé dans la plupart des soins que j’ai fait sur les personnes en ville,, c’est leur déconnexion avec la terre. Soit des blocages au diaphragme, soit au bassin, mais la liaison entre les pieds et le sol est mauvaise (ce que je n’ai pas retrouvé chez les tsaatanes). L’hypothèse principale à laquelle je pense est liée à la nutrition. Volontairement, je n’ai pas travaillé sur le ventre, car toutes les femmes de la ville avaient un ventre très figé. L’alimentation ici n’aide pas à avoir le ventre léger, mais en pratique cela se traduit par un mur compact entre le thorax et les jambes. Les femmes me demandaient de les regarder parce qu’elles se plaignaient de douleurs dans le dos, les genoux, le poignet. D’autres voulaient seulement que je regarde pour rééquilibrer… C’est rigolo, car une fois le soins fait sur la première patiente, ensuite les autres aussi me demandaient ! J’ai peu utilisé la verbalisation, sauf pour quelques unes, leur conseillant de marcher entre 30min et 1h par jours pour se reconnecter un peu, des exercices de respiration, quelques étirements… et puis manger plus varié… Mais tout ca ne peut se changer en un soin, alors je me contentais de débloquer, équilibrer et laisser un pseudo équilibre un peu meilleur !!
J’y repense, un homme m’a demandé de le regarder, il avaient des douleurs à la gorge… bref, les gens me confondaient avec le medecin, et en profitaient que je soit de passage !! J’ai arrété de dire que je travaillais à l’hôpital, car tout de suite, je suis médecin sinon !!
Dans le camp des tsaatanes, Les 2 femmes étaient par contre très connectées à a terre. La première avait quelques inflammations, tendinites bénignes. La seconde avait un déséquilibre de son alignement du côté féminin qui se reflétait avec des douleurs dorsales et un déséquilibre dans les hanches.
Globalement donc, le rythme corporel est plus lent, le mental perturbe moins le corps, mais par contre, les femmes semblent avoir un lourd poids sur les épaules, de grandes responsabilités dans la famille, et cela se ressent. Les plus agées ont même des difficulté à se séparer de ces responsabilités il semble…
Bref, je pourrai parler encore longtemps, mais cela vous donne un petit aperçu de mon ressenti.
Voilà, je vais arrêter la cet article, j’espère que vous avez pris du plaisir à recevoir ces quelques histoires, anecdotes… Je suis en fait surpris car vous êtes nombreux à me lire. Je prends moi aussi beaucoup de plaisir à écrire, toutes ces expériences sont belles à partager, et puis je compte m’en servir pour me faire à mon retour un livre photo avec les récits et peut être aussi les croquis… Enfin voilà, au final, c’est très chouette si chacun profite à sa façon de ce voyage… rassurez vous je n’irai pas jusqu’à vous faire participer aux frais d’organisation !! hihi …
Allez à tous, je vous laisse, je prends dans 1h30 le bus pour rentrer vers la capitale… les 20h de bus du retour !!